R. L. Wagner et J. Pinchon classent les conjonctions temporelles en trois groupes selon leur formation



Дата11.07.2017
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#25529
СЪПОСТАВИТЕЛНО ЕЗИКОЗНАНИЕ

1982, кн. 1 - 2

REFLEXIONS SUR LA SUBORDINATION DES PROPOSITIONS CIRCONSTANCIELLES EN FRANÇAIS ET EN BULGARE
PAÏSSY HRISTOV (Véliko Tirnovo)
В статье анализируются семантические отношения в сложно-подчиненном предложении с придаточными обстоятельственными частями с учетом семан­тики соответствующих союзов. Размышления над механизмом субординации в болгарском и французском языках позволяют установить специфические особенности при выражении одних и тех же отношений в этих языках и проил­люстрировать тезис, .что на основе грамматических фактов можно судить о способах, с помощью которых каждый народ вырабатывает свое мировоз­зрение.

The semantic relations in complex sentences with adverbial clauses are analyzed considering the semantics of the respective conjunctions. The study of the mechanism of subordination in Bulgarian and French is conducive to establishing the specific features which characterize the expression of one and the same relations in the two languages. They also illustrate me idea mat grammar facts give a clue to elucidating the means used by each nation in the formation of a world outlook.


Tandis que dans la phrase complexe à subordonnée complétive le procès central se trouve dans la subordonnée, alors que par la principale on exprime une attitude (modale, con­templative, perceptive etc.) du sujet vis-à-vis du vrai procès, dans les phrases à subordon­nées circonstancielles sont mises en rapport des actions à valeur pleine. Le rapport le plus simple qu'on puisse observer est celui de la concomitance et il se manifeste dans certaines subordonnées temporelles, causales, concessives etc. Les mêmes propositions subordonnées peuvent se fonder sur l'opposition action antérieure/action postérieure. Le décalage tem­porel entre les deux procès est obligatoire pour les finales, les conditionnelles et les con­sécutives.

A. Conjonctions temporelles.

R. L. Wagner et J. Pinchon classent les conjonctions temporelles en trois groupes selon leur formation (Wagner, Pinchon, 1969):

- conjonctions simples: quand, lorsque, comme;



  • locutions conjonctives : avant que, après que, dès que, depuis que, pendant que etc. ;

  • locutions formées d'un substantif et du pronom relatif . Ce procédé est très vivant et permet de créer de nombreuses locutions : au moment où, à l’instant où, à la minute où, du jour où, dès l'instant où.

Si nous reprenons ce classement, c'est pour insister sur la nature du lien que les con­jonctions ci-dessus établissent.

Quand est employé comme mot interrogatif dans l'interrogation directe ou indirecte et comme conjonction dans les subordonnées temporelles. Si est considéré comme mot interrogatif et relatif, on peut attribuer à quand aussi une fonction relative. Cela se confirme par le fait que la conjonction correspondante bulgare est formée d'après te modèle des rela­tifs: когато = кога + то.

Comme apparaît dans la proposition subordonnée temporelle lorsque entre te procès de la principale et celui de la subordonnée ne s'établit ni un rapport de ressemblance pour traduire la comparaison, ni un rapport de dépendance pour exprimer la cause. Etant donné que comme indique la correspondance en général, dans la phrase à subordonnée temporelle il ne lui reste qu'à traduire une correspondance entre les moments de l'accomplissement des deux procès et ce rapport ne peut être que celui de la simultanéité. Le procès dans la subordonnée marque l'époque pendant laquelle intervient le procès dans la principale. Le premier s'exprime par un temps d'époque (l'imparfait), alors que te deuxième s'exprime par un temps d'événement (le passé simple, le passé composé): Comme je commen­çais à m'endormir, j'entendis du bruit dans la maison.

Lorsque, par son origine, appartient aux locutions conjonctives, formées d'un adverbe suivi de la conjonction que (lors + que). On peut dire que pareillement au suffixe qui dans un lexème joue un rôle catégoriel, le deuxième élément d'un groupe conjonctionnel ou pré­positionnel (cf. avant de avant que, lors de lorsque) exerce une fonction distinctive sur l'adverbe (ou sur la préposition) pour en faire une locution conjonctionnelle (ou pré­positive). En d'autres mots, que sert à transférer l'adverbe (ou la préposition) dans la classe des conjonctions.

Les locutions conjonctionnelles du type au moment où, à l'endroit où témoignent qu'à la différence du bulgare le relatif peut avoir pour réfèrent non seulement un nom de lieu, mais aussi un nom de division temporelle, ce qui est une preuve que dans les relations spatio-­temporelles la valeur de s'est élargie au point de devenir une marque grammaticale de subordination, appuyée sur un adverbe — porteur du sens lexical. L'extension de la valeur du relatif local n'est pas inconnue au bulgare. Dans notre langue le correspondant de дето (където) peut se substituer à un pronom relatif: Куче, дето лае, не хапе.

La plupart des conjonctions temporelles bulgares sont d'origine relative. Le mor­phème -то normalement est compris dans le mot (когато, докогато, откогато), mais. il peut être omis dans des tournures plus archaïques: Кога човек дойде тук да се покое, трябва да забрави греховния мир ... (И. Вазов).

Il serait intéressant de pénétrer dans le sémantisme des conjonctions bulgares както et като, la première étant formée d'après le modèle des relatifs (как + то) et la deuxième étant le résultat de la chute de la consonne к dans както. L'usage a imposé une certaine différenciation dans les valeurs et dans les emplois des deux mots. Както qui a pour base l'interrogatif de manière как, même lorsqu'il est employé pour exprimer un rapport tem­porel, garde sa valeur d'origine liée à la façon dont se fait l'action et insiste sur la simul­tanéité, la manière d'être ou de faire étant inaliénable de l'existence ou de l'action mêmes. La conjonction както souligne la dépendance d'un procès qui présente l'assiette tempo­relle de l'action principale et correspond à l'emploi de comme en français: Както четях, изведнъж чух изстрелComme je lisais, soudain j'entendis un coup de feu. Kamo exprime un lien plus lâche entre les deux procès qui peuvent être non seulement simultanés, mais aussi successifs : Като го погледнах, разбрах, че нещо се е случило. Le procès dans la subor­donnée garde plus d'autonomie et ce lien sera rendu en français avec quand ou lorsque.

Il est curieux de signaler certaines particularités combinatoires de както et de като. Като à cause du lien relâché qu'il exprime, admet l'antéposition de la préposition след pour marquer mieux la succession des procès, ce qui est impossible pour както. Тъй както garde sa valeur de manière (sur un plan comparatif), tandis que тъй като est devenu cau­sal. Ces exemples prouvent que като a subi une certaine désémantisation. Les deux con­jonctions sont en distribution complémentaire avec les préfixes дo- et от-. До- combiné avec като marque la simultanéité de deux procès jusqu'à un moment donné. Откакто (от + както) exprime leur simultanéité à partir d'un moment donné.

Suivant le point de vue преди да permet une double interprétation. Si l'on considère да comme conjonction, il faut lui attribuer un statut semblable à celui de que en français : да fait avec l'adverbe une locution conjonctionnelle. Si, d'un autre côté, on considère sépa­rément la da-construction bulgare avec son statut de forme infmitive, преди reste une simple préposition. La variation du verbe, dans ce cas, en tant que forme autonome, parle en faveur de la locution conjonctive.

B. Conjonctions de modalité.

Nous rangeons dans ce groupe toutes les conjonctions qui introduisent des subor­données se rapportant à la façon dont s'accomplit l'action de la principale. Suivant la na­ture du lien que la conjonction établit, on peut les subdiviser en trois groupes:

1. Conjonctions qui établissent une correspondance entre les deux actions: comme, ainsi que, de même que, comme si (рouг le français). Nous nous arrêterons sur la conjonction française comme pour distinguer les valeurs qu'elle prend dans les subordonnées de moda­lité des valeurs temporelle et causale.

La valeur comparative de comme se manifeste d'ordinaire dans le cas où l'on doit traduire une correspondance entre un procès actuel et un procès virtuel dans une marche du particulier vers le général. Le plus souvent c'est du même procès qu'il s'agit — dans la principale il est concret et dans la subordonnée il implique le résultat d'une longue expé­rience. Le pronom indéfini on est la marque grammaticale de la généralisation exprimée dans la subordonnée. Ainsi, après avoir énoncé un procès concret, cherche-t-on à voir ce qu 'il y a de commun avec les procès du même genre et, l'ayant découvert, on s'en sert, dans un mouvement en sens inverse, pour indiquer les modalités de l'accomplissement du pre­mier procès. Ou en schéma:

Premier mouvement Deuxième mouvement

Procès I Procès II Procès II Procès I

recherche d'une qualification qualification

/Comment ?/ /Comme/

La proposition principale interroge indirectement sur le mode dont s'accomplit le procès et contient implicitement la question Comment? dont la réponse se trouve dans la subordonnée. La comparaison s'avère un moyen indirect de qualification et, sémantiquement, la proposition comparative n'est qu'une subordonnée de modalité : Chacun man­geait comme on mange en province.

Comme s'emploie aussi dans une phrase complexe pour insister sur le mode d'action en correspondance avec certaines prédispositions du sujet. La structure de la phrase est pareille à celle de la comparative que nous venons d'étudier, mais dans la subordonnée on emploie un verbe modal, d'opinion ou de dire qui interdit l'idée de comparaison: Ce sera comme il voudra; Faites comme il vous plaira. Si nous insistons sur le fait qu'en l'occasion comme traduit la correspondance dans une subordonnée de modalité, c'est pour souligner qu'un classement absolu des propositions subordonnées ne saurait être réalisé puisque aux critères morphologiques viennent se greffer les particularités sémantiques qui compliquent l'étude des faits linguistiques. Et si la fonction conjonctionnelle ne soulève pas de problè­mes, la valeur sémantique dépend en grande partie des éléments mis en rapport.

En bulgare c'est la conjonction както qui sera employée pour traduire les valeurs de comme dont il vient d'être question : Всеки ядеше, както ce яде в провинцията. Той живееше в Париж, както славеят живее в гората.

A la différence de както qui établit une correspondance entre deux manifestations différentes du même procès ou entre deux procès dont l'un dépend étroitement de l'autre, като s'emploie pour introduire une action qui indique dans quelles conditions s'exerce la principale et correspond au gérondif en français : Той вървеше по улицата, като се подпираше о стените на къщите — Il marchait dans la rue en s'appuyant aux murs des mai­sons.

Сomme si et като че ли servent à communiquer à la comparaison une valeur hypo­thétique. Le problème qui nous préoccupe concerne l'expression de l'hypothèse dans ce cas concret. Qu'y a-t-il de commun entre la particule interrogative bulgare ли et la con­jonction conditionnelle si pour que, dans un entourage semblable, ces locutions conjoncti­ves prennent la même valeur? L'interrogation et la condition s'apparentent par le fait que toutes les deux s'opposent au réel. La condition est une interrogation qui ouvre la voie à une conséquence. — Ces réflexions expliquent pourquoi en français on emploie la même conjonction (si) pour introduire la question indirecte et la condition. En bulgare la parti­cule ли peut renforcer une condition :Ако ли, мале, майно ле, жив и здрав стигна до село . . . (Хр. Ботев).

Conjonctions comparatives d'égalité (aussi. . . que, autant . . . que), de supériorité (plus . . . que) et d'infériorité (moins . . . que), composées d'un adverbe, se rapportant à un lexème, et de la conjonction que. Celle-ci établit, pour ainsi dire, le lien mécanique entre la subordonnée et la principale, tandis que le rapport même est traduit par l'adverbe. Pour cette raison la conjonction que seule ne peut distinguer entre l'égalité (d'un côté) et la supériorité et l'infériorité (de l'autre). Il n'en va pas de même pour le bulgare où l'égalité est rendue par le relatif колкото, alors que l'inégalité demande le dérivé отколкото, dans lequel le préfixe от- a une valeur privative — il distingue le procès en cause d'un autre procès. Il y a, en outre, à remarquer que le français distingue entre le degré qualitatif (aussi. . .que) et le degré quantitatif (autant . . . que), tandis qu 'en bulgare cette opposition est neutralisée par l'adverbe толкова qui peut s'ajouter à tout lexème.

Conjonctions corrélatives de correspondance (autant . . . autant, tel. . . tel) ou de variation proportionnelle (le terme est de Wagner, Pinchon 1969, p. 608): plus . . . plus, plus . . . moins, moins . . . plus. On remarque qu'en français on répète le même adverbe (autant, plus, moins) ou le même adjectif (tel) au début de chacune des propositions qui sont juxtaposées et ne dépendent l'une de l'autre que logiquement dans la mesure où entre elles s'établit un rapport de cause à effet. En bulgare, pour l'expression de la correspondance, la première proposition commence généralement par un relatif (колкото, какъвто) et la deuxième — par un démonstratif (толкова, такъв). Pour exprimer la variation proportionnelle en bulgare, les mots corrélatifs de degré et d'intensité (колкото . . . толкова), se font suivre du comparatif de supériorité повече: Колкото повече работиш, толкова повече печелишPlus on travaille, plus on gagne. Le comparatif d'infériorité по-малко n'est pas exclu dans un contexte pareil. Ces observations nous conduisent à conclure qu'en français les adverbes n'indiquent que la variation proportionnelle, le lien grammatical restant implicite, et en cela la tournure française est plus économique que la tournure bulgare.

C. Conjonctions causales.

Selon leur constitution et selon la nature du lien qu'elles expriment, les conjonctions causales en français pourraient être classées dans les groupes suivants:

1. Conjonctions simples: comme et que.

Le rapport de cause à effet est un rapport de correspondance directe et il n 'est pas étonnant que comme, avec sa valeur linguistique de correspondance, assume la fonction conjonctionnelle dans ce cas. Tandis que dans la comparative la correspondance traduit les traits communs de deux procès indépendants dont le moment d'accomplissement est sans importance pour le rapport de comparaison, la valeur causale de comme résulte de la juxtaposition de deux procès qui se suivent dans le temps et dont le premier impose la réalisation du deuxième : Comme elle était contente de sa cuisinière, elle désirait lui donner une robe (E. Zola).

On se rappelle qu'en bulgare c'est като qui exprime un rapport plus relâché entre les deux procès et admet la succession dans leur déroulement. Dans les subordonnées cau­sales като correspond à comme : Като ме питаш, ще кажа. Като няма прокопсия, плюл съм в тая орисия (П. К. Яворов).

Dans le style plus élevé, pour insister sur la cause, като est renforcé par l'antéposition de l'adverbe тъй — тъй като: Тъй като съм болен, не глога да отида на работа.

Les conjonctions que, че et да peuvent s'employer comme causales, mais la proposition, par sa forme, reste complétive: Il était surpris qu'on lui refusât cette faveur; Той бе изненадан, че са му отказали това благоволение.

2. Locutions conjonctives.

D'après les éléments constitutifs elles peuvent être subdivisées en:

a) Conjonctions constituées d'une locution prépositive suivie de que : parce que, du fait que, à cause que, de ce que. Le rôle de la marque conjonctionnelle que est joué en bulgare par le morphème relationnel -то qui remplit une fonction anaphorique: защото, задето.

b) Conjonctions composées d'un participe suivi de la conjonction que. La structure de la phrase dans ce cas rappelle les complétives:attendu que, vu que, étant donné que, sous prétexte que. En bulgare aussi on trouve des locutions à base d'un verbe: знаейки че, виждайки че.

c) Conjonctions temporelles qui expriment la succession des événements: dès que, du moment que, puisque (de puis + que), dès lors que, след като. S'il est possible de se servir de ces conjonctions pour traduire la cause, c'est parce que la cause précède la conséquence. Le rapport causal reste implicite, car la conjonction explicite plutôt l'antériorité du procès qui conditionne un autre procès.

Il n'y a pas que le rapport temporel qui puisse être approprié à l'expression de la cause. En bulgare on se sert du relatif spatial дето pour traduire la même idée. On pourrait dire que la cause ainsi que la conséquence (dont le mouvement est pris en sens inverse) convergent dans un point que le bulgare symbolise par le relatif local дето. Ou, autrement dit, la cause finit au point où commence la conséquence et ce point est marqué par дето : Радваше ce, дето са му направили тази чест.


D. Conjonctions de conséquence.

R. L. Wagner et J. Pinchon subdivisent les conjonctions de conséquence en deux grou­pes suivant la présence d'une idée d'intensité (au point que, tellement . . . que, si . . . que etc.) ou l'absence d'une telle idée (de sorte que, de façon que, de manière que) (Wagner, Pin­chon 1969, p. 574). Nous croyons qu'il serait plus juste de parler d'intensité explicite dans le premier cas et d'intensité implicite — dans le second. Il suffit de comparer: Il explique le problème de sorte que tout le monde le comprend avec Il explique le problème si bien que tout le monde le comprend pour se convaincre que dans le premier cas il ne s'agit nullement d'un procès neutre et on peut mettre tous les deux sur le même plan. A cela s'ajoute la preuve que de sorte que alterne avec de telle sorte que, tous les deux ayant le même sens.

Ces réflexions sont valables aussi pour le bulgare. On observe du parallélisme dans la structure des conjonctions consécutives des deux langues. Il faut remarquer que les con­jonctions de conséquence bulgares sont formées avec la conjonction че pour traduire l'idée de réel (тъй че, така че, толкова че) ce qui correspond à l'emploi de l'infinitif en français.

L'emploi du mode doit être pris comme marque distinctive entre les consécutives, d'un côté, et les concessives et les finales, de l'autre. Wagner et Pinchon rangent les pro­positions dépendantes du type Il n'est pas si sot qu'il ne puisse réussir (avec le verbe de la subordonnée au subjonctif après une proposition principale négative) dans le groupe des consécutives. (Wagner, Pinchon 1969, p. 584). En réalité les deux parties de la phrase s'op­posent l'une à l'autre, ce qu'on peut interpréter par Il est sot. mais il réussira ou par Quoi­qu'il soit sot, il réussira. C'est le rapport de concession qui s'en dégage. La présence d'un adverbe d'intensité (si. . . que) ne suffit pas pour ranger la phrase dans les consécutives, d'autant plus que l'intensité est niée. Lorsque les conjonctions de sorte que, de manière que sont survies du subjonctif, il n'est plus question d'un lien de conséquence soumise à une interprétation, mais plutôt d'une valeur finale parce que qu'est-ce qu'une conséquence voulue sinon un but. A l'alternance indicatif/subjonctif, en français, correspond l'alter­nance че - дa, en bulgare, pour traduire l'opposition conséquence/but.


E. Conjonctions de concession.

Il est communément admis que „quand une action ou un état semblent devoir entraîner une certaine conséquence, l'opposition naît de ce qu'une conséquence contraire, inatten­due se produit. C'est ce qu'on appelle la concession ou la cause contraire" (Wagner, Pin­chon 1969, p. 586). Dans les grammaires bulgares (Popov, 1974, p. 305) et françaises (Wag­ner, Pinchon 1969, p. 600) les conjonctions concessives sont divisées en deux groupes:

1.Si la concession porte sur une condition concrète qui ne comporte pas de notion d'intensité, on emploie en français les locutions conjonctives bien que, encore que, quoique, malgré que et en bulgare — макар че, макар да, макар и да, ако и да, при все че, въпреки че.

On peut se demander quelle voie a suivie l'esprit pour traduire la concession en se servant de moyens différents. L'opposition est exprimée directement en bulgare par въ-преки че (de l'adjectif пряк — „directement orienté vers") et en français — par malgré que (mal + gré). Dans d'autres cas on part de l'idée qu'à la condition normale s'ajoute une autre condition, cette fois contraire, qui provoque la même conséquence. L’idée d’addition, d'adjonction d'une condition contraire est rendue en français par l'adverbe encore (encore que) et en bulgare—par là conjonction и (и да, дори и да, око и да) et par la pré­position attributive при (при все че, при всичко че).

La présence de l'adverbe bien dans une locution conjonctive semble difficile à interpréter. Toutefois nous sommes enclin à croire qu'il est là pour signifier que même une con­dition contraire est bonne (l'adjectif correspond à l'adverbe) à provoquer la conséquence en question.

2. Les conjonctions qui comportent l'idée d'intensité présentent une condition d'éten­due très large ce qui a permis à K. Popov de leur attribuer une valeur généralisante (Popov, 1974, p. 305): qui que, quelque, quoi que, où que, quelque . . . que, si. . . que, tout . . . que (pour le français) et, pour le bulgare — който и да, каквото и да, където и да, когато и да, както и да.

Il est étonnant que Popov range дори и да, даже и да dans les conjonctions à valeur généralisante. Ces conjonctions n'impliquent pas l'idée d'intensité et marquent une op­position concrète.

L'analyse comparée de ces conjonctions concessives nous permet de faire les observations suivantes:

1. Il n'y a pas en français de correspondants aux locutions conjonctives bulgares когато и да et както и да pour exprimer le rapport temporel ou le mode d'action.

2. Les mots par lesquels commencent les conjonctions françaises (où, qui, quoi, quel) sont à l'origine des interrogatifs, mais l'idée interrogative y est suspendue par la conjonction que. Toutefois ce début d'interrogation permet de situer le sujet ou l'objet sur une échelle qualitative ou quantitative assez large qui s'avère non limitative à l'égard de la réalisation de l'action. En bulgare les locutions conjonctives correspondantes ont pour base les relatifs който, какъвто, както, колкото, etc. Que la concession parte de l'interrogation ou de l'idée relative, elle s'appuie sur une idée généralisante, ce qui nous autorise à considérer les mots par lesquels commencent les locutions concessives comme des indéfinis. N 'oublions pas qu'en bulgare ces conjonctions ont encore deux éléments constitutifs — la conjonction attributive и qui symbolise l'adjonction à la condition, qui normalement est suivie d'une conséquence, de toutes les autres conditions qui, quoique contraires, admettent la même conséquence. La conjonction да figure comme dernier membre de la locution pour marquer la potentialité des conditions contraires de provoquer la conséquence en question.


Quoi que est une locution neutre qui porte sur l'objet d'une action (Quoi que tu fasses . . .) ou sur le sujet indéterminé d'un verbe impersonnel (Quoi qu'il arrive . . .). Lorsque quoi que commence à exprimer la concession non seulement à l'égard de l'objet du procès mais aussi à l'égard de l'idée de la subordonnée dans son ensemble, il devient le synonyme de bien que et on l'écrit en un mot pour le distinguer de son emploi d'origine.

Les adverbes si, quelque et tout (si . . . que, quelque . . . que, tout . . . que) insistent sur l'intensité et par cela même limitent la portée de l'opposition au degré le plus élevé de la manifestation de la qualité ou de la quantité. Sémantiquement cette valeur est comprise dans le sens large des locutions avec un interrogatif-relatif, ce qui explique l'absence des constructions avec un adverbe d'intensité en bulgare.

Les locutions concessives suscitent encore les remarques suivantes: Même si combine la condition avec l'opposition. Il est curieux de trouver l'explica­tion de l'emploi de même pour marquer la concession. „Même est le support d'un mouve­ment d'identification" (Wagner, Pinchon 1969, p. 601). Dans notre cas même sert à iden­tifier une condition supposée défavorable avec les conditions implicites qui favorisent l'ac­complissement d'un procès. Nous croyons que lorsque R. Martin (1975, p. 231) dit que „le mouvement qui sous-tend même argumentatif paraît être un mouvement ouvrant qui conduit du cas le plus étroit (le plus défavorable en probabilité) à l'ensemble de tous les cas possibles", il présente le mouvement en sens inverse. A vrai dire, l'esprit a pour point de départ ce qui est normal (et peut-être pour cela implicite) pour aller à ce qui est excep­tionnel (la cause contraire). Nous trouvons que ce même doit être appelé plutôt renché­rissant (le terme est de Martin, 1975) qu'argumentatif.

L'analyse des valeurs des conjonctions concessives démontre combien nombreuses sont les voies par lesquelles la concession renchérit sur l'opposition.

F. Conjonctions finales.

Les deux langues conçoivent l'idée de finalité de façon semblable, tout en accusant leurs traits particuliers.

L'intentionnalité est marquée en français par le subjonctif et en bulgare — par la conjonction да.

Suivant le mode d'expression de la finalité en français on peut distinguer:

a) Des conjonctions qui explicitent le but:

Lorsque la fin est voulue on emploie pour que (la préposition pour exprime une orientation) et afin que (qui vient de à fin que).

Lorsque la fin est à éviter on se sert des locutions de peur que, de crainte que.

b) Conjonctions à finalité implicite (de sorte que, de manière que, de façon que). Au niveau grammatical la finalité ne peut rester implicite parce qu'on serait amené à la conséquence. Aussi emploie-t-on après ces conjonctions le subjonctif.

3. En bulgare la finalité est impliquée dans la da-construction qui, avec sa valeur potentielle, est susceptible à exprimer le but. L'emploi d'autres conjonctions ou adverbes contribue à nuancer l'idée : за (за да) explicite l'orientation vers un but, та (та да) appuie sur la conséquence voulue, че (че да) rappelle qu'entre les deux parties de la phrase existe un rapport de complémentarité, само (само да) a une valeur restrictive.

G. Conjonctions conditionnelles.

Plus haut il a été question de l'emploi interrogatif indirect et de l'emploi conditionnel de si et de ли. La conjonction bulgare ако repose aussi sur l'interrogation [elle est formée de la conjonction a et de la particule -ko qui provient d'un ancien pronom interrogatif (Dic­tionnaire 1971)].

Certaines conjonctions contiennent explicitement l'idée de condition: à condition que, при условие че.

Dans d'autres cas la condition se présente comme occasionnellement réalisable pour l'avenir ou non réalisée pour le passé: au cas où, в случай че.

Une action occasionnelle peut s'avérer suffisante même lorsqu'elle est soumise à une restriction. En bulgare dans la locution стига само да l'idée de suffisance est rendue par la forme impersonnelle стига et la restriction — par само. Le sémantisme des locutions françaises pourvu que et à moins que est très intéressant à analyser. Dans la phrase Nous partirons pourvu que tu viennes à temps, pourvu que désigne la suffisance (du verbe pourvoir) de la condition restreinte. Ou en schéma:

Présent Futur

Venir à temps être en retard
Pourvu que
Pour peu que s'expliquerait par un mécanisme semblable.

Dans Nous partirons à moins que tu ne sois en retard, à moins que a une orientation négative. En l'occasion, s'il faut nier quelque chose, ce doivent être les conditions contraires à la réalisation de l'action. La négation est explicitée par ne:

Présent FUTUR







venir à temps être en retard
à moins que

La négation des conditions contraires a pour but de mettre indirectement l'accent sur la condition indispensable.

Nos réflexions sur les mécanismes de la subordination en français et en bulgare nous persuadent de la spécificité des rapports syntaxiques et des voies par lesquelles on arrive à leur expression. En outre, elles illustrent la thèse qu'à travers les faits de grammaire on pourrait juger de la façon dont chaque peuple conçoit le monde réel.

BIBLIOGRAPHIE

Dictionnaire 1971: Български етимологичен речник. Т. I. A-3. София, 1971. -Martin 1975: R. M a r t i n. Sur l'unité du mot „même". „Travaux de littérature et de linguistique". Strasbourg, 1975.

Popov 1974: К. П о п о в. Съвременен български език. Синтаксис. София, 1974. -Wagner, Pinchon 1969 : R. L. W a g п е r, J. Р i п с h о n. Grammaire du français classi­que et moderne. Paris, 1969.


ЗА СУБОРДИНАЦИЯТА В ПОДЧИНЕНИТЕ ОБСТОЯТЕЛСТВЕНИ ИЗРЕЧЕНИЯ В БЪЛГАРСКИЯ И ФРЕНСКИЯ ЕЗИК

(резюме)


Отношенията между подчинените обстоятелствени изречения и главното изречение в българския и френския език са еднотипни, но намират различен материален израз. Тяхното задълбочено проучване показва пътя, по който мисълта стига с помощта на съответни съюзи до предаването на следствени, отстъпителни, временни, модални, причинни, целеви и условни отношения. Като се излиза от естеството на тези отношения, се анализира семантиката на съюзите като, както, ако, ако и да, при все че, comme si, pourvu que, à moins que и др.

На преден план изпъква и генетичната връзка между различните видове под­чинени обстоятелствени изречения. Механизмите на субординацията в двата езика ни убеждават в специфичността на синтактичните връзки и на начините на тяхното изразяване. Те илюстрират тезата, че анализът на граматичните факти би могъл да ни доведе до заключения относно начина, по който всеки народ схваща реалния свят.


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